Dimanche 1 mars
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13:08
Un samedi EXCEPTIONNEL!! En tous cas, il l'est pour moi, tant j'ai cherché cette météorite, éditée à 300 exemplaires seulement, en complément de
l'indispensable "Dictionnaire des films français pornographiques & érotiques 16 et 35 mm" de Christophe Bier !!
Interdit pendant près de deux ans, la commission de censure a écrit au sujet de Maléfices Pornos : « Ce film pose un problème d’une gravité hors du
commun. En dehors des images lourdement et précisément sexuelles, développées dans les modalités les plus sordides – le film se hisse très rapidement à un niveau qui excède le simple classement
sur la liste des pornographiques au sens des articles 11 et 12 de la loi du 30 décembre 1975. Il se charge, en effet, de séquences de cruauté et de sadisme – tortures ; scènes de
sang ; sévices sexuels – de racisme – une longue scène où un homme noir est complaisamment réduit à l’état d’objet sexuel – de terreur enfin – la vision de l’épouse plongée nue et
inconsciente dans un bain d’acide sulfurique. En dépit de l’insigne médiocrité de la réalisation qui en assourdit l’effet, la Commission de contrôle a considéré que ce film déshonorant ne
représentait pas seulement une atteinte à la personne humaine, mais un danger pour l’intégrité mentale et psychique d’une part importante du public même adulte. Elle a estimé, en conséquence, à
l’unanimité, que le seuil de l’interdiction totale était atteint ». Commission du 8 février 1977.
Il n'en faut sans doute pas plus, j'espère, pour éveiller votre curiosité (malsaine)!!
Je laisse maintenant Môssieur Bier vous raconter un peu la genèse de cette résurrection...
Bonne lecture. Bon film. Et bon week-end ;)
Plusieurs personnes me demandent ce qu’est le film Maléfices
pornos dont nous offrirons le DVD aux souscripteurs seulement ?
Eh
bien c’est l’un des films du dictionnaire, un porno réalisé en 1976 sur lequel j’avais déjà écrit dans Censure-moi, un petit livre publié en 2000 par L’Esprit Frappeur (comment, vous n’avez pas Censure-moi !) sur l’histoire du classement X en France. Voici ce qui y était écrit en pages 91-92 :
Évoquons aussi Maléfices pornos (Eric de
Winter, 1976), film météorite, underground dans le sens où l’entendait peut-être Pacadis, un cauchemar qui conduit le spectateur dans un fascinant abîme de folie sexuelle, « œuvre sans égal dans le hard français. » Mais pour la Commission, moins esthète, « ce film pose un problème d'une gravité hors du commun. En dehors
d'images lourdement et précisément sexuelles, développées dans les modalités les plus sordides - avec des explorations de sexe filmées en gros plan avec une précision où il y a de l'offense et
du défi - le film se hisse très rapidement à un niveau qui excède le simple classement sur la liste des films pornographiques au sens des articles 11 et 12 de la loi du 30 décembre 1975. Il se
charge, en effet, de séquences de cruauté et de sadisme - tortures; scènes de sang; sévices sexuels - de racisme - une longue scène où un homme noir est complaisamment réduit à l'état d'objet
sexuel - de terreur enfin - la vision de l'épouse plongée nue et inconsciente dans un bain d'acide sulfurique. En dépit de l'insigne médiocrité de la réalisation qui en assourdit l'effet, la
Commission de contrôle a considéré que ce film déshonorant ne représentait pas seulement une atteinte à la personne humaine, mais un danger pour l'intégrité mentale et psychique d'une part
importante du public même adulte. Elle a estimé, en conséquence, à l'unanimité, que le seuil de l'interdiction totale était atteint. » (Commission, 8/2/1977). Après 65 mètres de coupes, le film
obtient son visa et est classé X.
1. Alain Minard, La Revue du Cinéma n° 384, juin
1983.
Le
film avait connu une exploitation météorite en mars 1978 dans cinq salles parisiennes, puis une ressortie discrète en 1983 qui avait permis à Alain Minard de découvrir, médusé, une œuvre
pornographique qui ne ressemblait définitivement à aucune autre. Son papier dans La revue du cinéma ci-dessus citée en fit une sorte de « film
culte » auprès de quelques amateurs éclairés.
Dans les années 1990, au moment où le porno s’éteignait dans les salles parisiennes, Eric de Winter et son fils s’étaient rendus dans
une salle qui le programmait de nouveau. Ô déception, le « Maléfices pornos » en question n’était pas la bande qui avait fait frémir la Commission de censure.
Reverrait-on jamais le seul, l’unique Maléfices pornos digne de ce nom, que Minard avait qualifié appartenir « à la race très rare des films obsédants parce qu’ils sont la magistrale
transcription d’une folie » ?
C’est à cette époque que j’ai rencontré Eric de Winter, ex-régisseur de cinéma, homme multitâches des productions AMT sur lesquelles
je reviendrai un jour. Il tenait désormais une agence de photos de cinéma et ne revendiquait vraiment la réalisation que de deux films : Lèvres humides et Maléfices pornos dont il m’expliqua alors
qu’il avait été conçu, sous le titre évocateur de Cavern Bondage pour le circuit
crapoteux des salles new-yorkaises de la 42ème rue. AMT, c’était Anne-Marie Tensi, productrice haute en couleur qui
avait des contacts aux États-Unis. Elle lui avait réclamé un film sadique, comme la 42ème rue en raffolait.
Souvenez-vous, les Olga’s Girls de Joseph Mawra, les films noirs de Lee Frost… Une bande porno trash pour
le public « kinky » du Roxy ! Seulement, Anne-Marie changea d’avis et se mit en tête d’exploiter le film en France. Il fallait donc un visa et la Commission du CNC hurla ! Exigea des coupes, à
plusieurs reprises. De Winter m’expliqua : « Si Anne-Marie m’avait demandé d’emblée un film pour le marché français, je n’aurais jamais écrit un film aussi spécial, avec des tortures, du gore,
des morts. J’aurais fait un porno plus simple. Du coup, il a fallu couper pas mal, garder l’amorce de certaines scènes violentes. » Mais ainsi mutilé, le film – je vous l’assure – a gardé son
parfum de souffre. Sa grande particularité tient aussi à son décor : une caverne, ancienne champignonnière de la banlieue nord-ouest de Paris, peu banal décor pour un porno mais familière à
Eric de Winter, un passionné de spéléologie qui avait débuté au cinéma avec Marcel Ichac, documentariste-explorateur qui réalisa les premiers films de
spéléologie.
Quand je discutai avec Eric de Winter, il me montra un album-souvenir, quelques photos du tournage, les seules traces de ce film
incroyable. Nous sommes devenus amis. Je ne manquais pas une occasion d’évoquer ce film avec lui, me lamentant de le savoir perdu.
C’est l’année dernière qu’une providentielle copie 35 mm en très bon état a été exhumée, dans la réserve d’un vieux distributeur. Un
coup de chance ! L’ami collectionneur à qui j’avais souvent parlé de ce Maléfices pornos achetait depuis
quelques temps des vieux pornos en 35 mm. Son contact lui avait dit, d’un geste las : « Oh, j’ai aussi tous ses films dans cette remise, entassés… C’est en désordre. Si vous vous jeter un œil…
» Mon ami prit une échelle, la plaça au hasard, n’ayant absolument pas le courage de tout trier. Tout en haut de l’échelle, sur le haut d’une étagère poussiéreuse, il trouva la copie de
Maléfices pornos… C’est cette copie que vous découvrirez.
AMT
Productions avait fait faillite depuis belle lurette, judiciairement liquidé. Le film était en déserrance. Pour l’exploiter, il restait à Eric de Winter, auteur du film, à se faire désigner
auprès du tribunal comme mandataire ad hoc pour Maléfices pornos. Une formalité faite cet été et qui nous
permet aujourd’hui de vous l’offrir avec le dictionnaire.
Plus de trente ans après sa première sortie, revoici donc… « le ventre chaud tapissé de chaînes » de la caverne des
Maléfices pornos !
La Bande annonce...
VOTRE PROGRAMME...
(Merci à aloysius70!!)
MALÉFICES PORNOS
France / 1976
Titre : Maléfices Pornos
Titre : Maléfices Pornographiques
Titre : Maléfices Porno
Titre marché américain : Cavern Bondage
Titre de tournage : la Caverne aux Maléfices
Réalisation : Éric de Winter
Scénario : Éric de Winter
Production : Anne-Marie Tensi
Sociétés de production : A.M.T. Productions
Photographie : Maurice Kaminsky
Montage : Loïs Konigswerther
Post-Synchronisation : Éric de Winter
Effets Spéciaux : Éric de Winter
Musique : Philippe Bréjean
Avec : Gilbert Servien, Laurence Legras, Manu Pluton, Christine Chanoine, Évelyne Biancchi, Viper comme Stephanie Green, John Oury, Véronique
Aubert
SI VOUS AVEZ MANQUÉ LE DÉBUT : "Un mari impuissant, stimulé par la lecture de Meurtres vaudou, rêve, l'espace d'une nuit, aux supplices qu'il
inflige à trois jeunes femmes puis à un hercule avant de se débarrasser de sa femme grâce à un bain d'acide sulfurique..."
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